«Que sont devenues les fleurs?» Les filles-fleurs et le devenir chez Proust
Dans la Recherche, on dirait que les filles et les fleurs sont là pour se rencontrer et pour s’enrichir de métaphores et de métonymies. Les fleurs défilent sous les yeux attentifs du Narrateur et les feuilles sèment le chemin à parcourir; une sensualité charnelle et troublante nous est délivrée enfin. L’iris et le catleya sont les fleurs du corps, les mots codés du plaisir dans Du côté du chez Swann. Quelques pages plus loin, les fleurs seront la bande de filles qui attirent le Narrateur par leurs parfums, leurs corolles, leurs gestes. Comme des fleurs, elles manifestent par leur beauté ravissante une intimité désirable mais cachée. Le narrateur se demande alors quelle est la vérité et le devenir de ces femmes-fleurs. Nous allons à notre tour nous demander quels sont les lois qui président à la création des filles, ces êtres faits de matière précieuse mais fragile, transparente mais insaisissable. Nous essayerons de relire certains passages de la Recherche, notamment Du côté de chez Swann et À l’ombre des jeunes filles en fleurs à la lumière des intuitions de Jean-Pierre Richard et de Gilles Deleuze. On s’efforcera de trouver une convergence partielle entre une critique thématique et une perspective philosophique, ce qui est par ailleurs sollicité par le Narrateur même.
Mots-clés: Proust, Filles-fleurs, Devenir, Deleuze, Création du personnage